"Espace, frontière de l'infini vers lequel voyage notre vaisseau spatial.Sa mission : Explorer de nouveaux mondes étranges, decouvrie de nouvelles vies, d'autres civilisations, et au mépris du danger, reculer l'impossible"
(Générique de la série)
Incarnée à l'écran par William Shatner (le Capitaine Kirk), Léonard Nimoy (Mr Spock), et De Forrest Kelley (Dr Leonard Mac Coy), Star Trek est née dans le cerveau d'un scénariste américain, Gene Rodenberry. C'est à lui que reviennent la conception et la philosophie de la série. Produite au départ par MGM, puis par Paramount, diffusée sur la chaine NBC, la série compte 79 épisodes, réalisés en l'espace de trois ans, de 1964 à 1966. Résumons la situation. Nous sommes au début du 23è siècle. La Terre, après avoir réchappé à quelques accidents de l'Ere Nucléaire, est unifiée en une "Fédération des Planètes-Unies", où règne paix et démocratie. Le fleuron de sa flotte spatiale est l'Entreprise, un vaisseau-pilote chargé d'une mission d'exploration de 5 ans. Elle est commandée par le Capitaine James T. Kirk, secondé par son premier officier, un Vulcain nommé Spock. Enfin l'officier-médecin est le Docteur Mac Coy. Voila notre trio constitué, le quatrième personnage étant l'Entreprise elle-même. La teneur de leur mission nous est rappelée à chaque épisode par le générique: "Espace, frontières de l'infini où voyage notre vaisseau spatial...sa mission de 5 ans: explorer de nouveaux Mondes étranges, découvrir de nouvelles vies, d'autres civilisations, et au mépris du danger, reculer l'impossible"... Suffisamment vaste pour aborder la plupart des grands thèmes métaphysiques: relativité du temps, rapports pensée-matière, dimensions parallèles, variété des hypothèses biologiques pouvant conduire à la vie. L'Entreprise va ainsi explorer une multitude de planètes fictives, observer différents fondements de civilisation possibles, et tenter de cerner ce qui fonde notre unicité dans l'univers.
Le décor principal de la série est le vaisseau "Entreprise", où se déroulent en vase clos une grande partie des séquences... Le lieu-clé de l'Entreprise est la "passerelle", la salle de pilotage du vaisseau.
Officier technique, son domaine, c'est la "mécanique". Ecossais bonnace, bourru, bon vivant, un brin primaire, ses idées sont carrées mais viennent du coeur. Sa fierté: le réacteur matière anti-matière de l'Entreprise. Il veille également sur le téléporteur, l'engin qui permet de dissocier les atomes du corps d'un endroit pour les reconstituer intacts dans un autre, grâce au rapport matière-énergie. La précision est au mètre près...
L'officier des transmissions est une jeune femme dont le nom signifie "liberté" en swahili. Son regard dégage une douceur infinie. Dans les moments de détentes à bord de l'Entreprise, elle chante des mélodies suaves et nostalgiques, accompagnée à la lyre vulcaine par Mr Spock.
Cosmopolite, l'équipage de l'Entreprise compte parmi ses officiers-pilotes un Russe pas très malin, et un Japonais facétieux. Tous deux font quasiment partie du décor de la "passerelle".
Le trio de Star Trek - Spock, Kirk, et Mac Coy, est le centre de la série. Chacun d'entre eux symbolise l'un de nos trois niveaux fondamentaux: Le corps, et au-delà le monde matériel, auquel notre corps physique appartient L'âme, centre des émotions L'esprit, siège de l'intelligence et de la conscience. L'ensemble qu'ils forment reconstitue la personne humaine dans sa globalité.
Oreilles pointues, visage glabre et allongé, sourcils relevés, expression impénétrable, bien qu'à demi-humain, son apparence physique est celle des Vulcains, dont il a hérité un sens aigu de la logique, ainsi que des facultés avancées de télépathie. Sur l'Entreprise, il est posté au "scruteur", une sorte de super scanner. Car la fonction première de l'esprit est de "voir".
Héros positif par excellence, il incarne toutes les qualités de la grandeur d'âme humaine. Volontaire, imaginatif, intuitif voire même "inspiré", son attachement à l'Entreprise est quasiment charnel. L'âme, c'est le Capitaine Kirk.
Le corps, dans Star Trek, c'est Mac Coy, l'Officier médecin de l'Entreprise. Il dispose à ce titre d'un droit de veto sur les décisions du Capitaine si il estime sa santé mentale atteinte. Exactement à l'image du corps qui exprime son "veto" par la maladie psycho-sommatique. Raleur et chaleureux, toujours entier dans son attitude, il est le gardien intransigeant des grandes valeurs humaines. Sa voix est celle du bon-sens.
A eux trois, Spock, Kirk et Mac Coy représentent la totalité de la personne humaine. Quant à "l'Entreprise", c'est tout simplement la vie, dont le but est bien d'une certaine façon "d'explorer de nouveaux mondes, découvrir de nouvelles vies, d'autres civilisations, et reculer l'impossible", bref, tout simplement d'évoluer... Le générique de Star Trek prend alors tout son sens. Et le "capitaine" de ce voyage, c'est l'âme, le centre de l'homme...
Pas étonnant dès lors que Star Trek soit étudié en cours de philo dans certaines universités américaines, au point de faire l'objet de thèses... Chaque épisode de la série illustre, à partir de métaphores variables, un thème métaphysique bien précis. Certains de ces thèmes reviennent même de manière constante. Celui l'évolution universelle, par exemple. Star Trek nous fait rencontrer une infinité de modèles de civilisations, à travers lesquels revient une même idée centrale: l'évolution irait du matériel vers le spirituel, de la recherche de l'avoir vers celle de l'être. Grâce à un développement simultané de la science et de la conscience, l'homme est appelé à abolir la frontière entre matière, pensée, et énergie, et à s'affranchir ainsi de ses dernières limites... Ainsi, les "Organiens" se sont développés au delà des besoins physiques et ont atteint une forme de vie constituée "de pure énergie, de pure pensée, totalement non-corporelle. Les Organiens sont aussi loin de nous dans l'évolution universelle, que nous des amibes", analyse Mr Spock. Déprimant pour notre amour-propre de Terriens? Pas du tout, car "il a fallu des millions d'années pour que les Organiens évoluent jusqu'à ce stade. Même les Dieux ne sont pas apparus en une nuit. Vous et moi n'avons pas à être embarassés".
Une des étapes de cette évolution est le développement la télépathie, définie par Spock comme une "fusion d'esprit", permettant de ne faire qu'un avec le monde intérieur de la personne. "Chacun ressent alors ce que l'autre ressent en une osmose para-cérébrale. L'amour et l'acceptation de l'autre pour ce qu'il est, constitue le préalable indispensable à cette unité". Chez les Vulcains, qui ont développé le champs de leur conscience au-delà du notre, cette communication accompagne l'acte d'amour. "Chacun touche l'autre afin de capter ses pensées, qui de cette façon peuvent se rejoindre à tout moment précis". Les déclarations d'amour sont subtiles et elliptiques: -"Kipring, dit Spock, tu fais partie de moi tout en ne le faisant pas. Depuis longtemps, nous nous connaissons sans nous connaître...". Les formules de politesse sont également empreintes de cet esprit. Lorsque Spock salue Sulak, un autre Vulcain, il lui dit: -"Paix et longue vie, Sulak, vainqueur de préjugés, gardien de la liberté. Puissions-nous tous les deux être aussi grands que la somme de moi et de vous"... Basée sur la logique et le positivisme, la civilisation Vulcaine est par excellence celle de l'esprit et de la connaissance. Cela leur confère sagesse, tolérance, et clairvoyance. Pacifistes, leur principale arme est le verbe.
Mais la race dont il est vraiment fait l'apologie dans Star Trek, c'est la race humaine, représentée dans ce qu'elle a de meilleur par le trio de l'Entreprise. Chacun d'entre eux est chargé de symboliser les trois outils dont dispose l'Homme réaliser sa Trinité: l'esprit pour "voir", l'âme pour "sentir", le corps pour agir...et l'ensemble pour créer... A l'homme à la recherche de son essence, Star Trek communique certaines clés. Ainsi, l'équilibre naît de l'unité, et cette unité naît de la diversité. "Il y a dans la création une diversité infinie" nous dit Spock. "Et ce qui nous différencie doit en fait se combiner afin de créer l'universalité et la beauté...". Chaque homme doit être aimé pour la totalité qu'il forme, et qui le rend unique. Il est constamment question dans Star Trek de valeurs telles que la tolérance, la compassion, ou l'amour, en tant que quintessence de l'homme. A l'aube du 21è siècle, au moment l'Humanité hésite entre des destins contradictoires, de haine ou de fraternité, ce discours apporte une voix juste. Sylvain Timsit
article publié dans Globe, Juin 1987 images: © Paramount Pictures
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